Les facteurs de risque et les facteurs de vulnérabilité

Cette section présente les facteurs de risque et de vulnérabilité, autant chez la personne aînée que chez la personne maltraitante, qui prédisposent à instaurer une situation de maltraitance. Les connaissances actuelles ne montrent cependant pas qu’il existe un profil type de la personne aînée maltraitée ni de la personne maltraitante.

Facteurs de vulnérabilité

Caractéristiques propres à la personne aînée pouvant faire en sorte que celle-ci sera plus sujette à vivre de la maltraitance.

Facteurs de risque

Liés à l’environnement de la personne.

Chez la personne aînée

Personne n’est à l’abri de la maltraitance : les femmes et les hommes de tout âge, venant d’un milieu favorisé ou défavorisé, d’origines ethnoculturelles diverses, vivant à domicile ou en hébergement peuvent en faire les frais. Toutefois, bon nombre de facteurs de vulnérabilité et de facteurs de risque prédisposent certaines personnes aînées à être la cible de maltraitance. La présence de ces différents facteurs n’entraîne cependant pas systématiquement des situations de maltraitance.

  • Cohabitation avec un ou plusieurs de ses proches ;
  • Conflits avec des membres de la famille ou des amis ;
  • Inaccessibilité des ressources ;
  • Isolement social et réseau social peu développé ;
  • État de dépendance financière à un tiers lié au statut de parrainage et en contexte d’immigration ;
  • Partage du même domicile par la personne aînée et la personne maltraitante ;
  • Tension dans la relation entre la personne aînée et celle qui lui donne de l’aide.
  • Âge avancé ;
  • Analphabétisme ;
  • Caractéristiques personnelles pouvant prédisposer aux préjugés (ex. : odeurs, allure, etc.) ;
  • Comportements perturbateurs ou violents envers les personnes aidantes et soignantes (ex. : agressivité, réticence aux soins, errance, etc.) ;
  • Dépendance aux substances (ex. : alcoolisme, toxicomanie, médication, etc.) ;
  • Dépendance à autrui pour la gestion des affaires (ex. : budget, paiement des factures, finances, etc.) ;
  • Dépendance pour les soins de base (ex. : alimentation, hygiène, prise de médicaments, etc.) ;
  • Difficulté ou incapacité à s’exprimer, attitude de soumission, confiance excessive envers autrui;
  • Difficultés comportementales ou émotives (ex. : santé mentale, dépression, etc.) ;
  • Difficultés financières ;
  • Isolement social et géographique ;
  • Méconnaissance des deux langues officielles (français et anglais) ;
  • Méconnaissance des droits et des ressources à sa disposition ;
  • Méfiance à l’égard des services publics (ex. : services de santé et services sociaux, police, etc.);
  • Présence de problèmes de santé physique, de pertes cognitives ou de problèmes de santé mentale ;
  • Réticence ou résistance quant aux soins à recevoir ;
  • Sexe féminin.

Chez la personne maltraitante

La personne qui maltraite peut être un fils ou une fille, un conjoint ou une conjointe, mais aussi un fournisseur de soins ou de services, un ami ou un voisin, etc. Ces personnes présentent, au même titre que les personnes aînées maltraitées, des facteurs de risque et de vulnérabilité qui leur sont propres.

  • Antécédents de violence familiale ;
  • Problèmes de dépendance (ex. : drogue, alcool, jeu compulsif, etc.) ;
  • Problèmes de santé mentale et physique ;
  • Problèmes personnels liés au travail, financiers, familiaux ;
  • Dépendance financière envers la personne aînée ;
  • Isolement social ;
  • Manque de soutien ;
  • Proche aidant principal ;
  • Relation d’aide imposée ;
  • Manque de connaissances sur les diagnostics et sur les soins à fournir ;
  • Stress et épuisement à l’égard de l’aide à apporter, sentiment de fardeau.

Les facteurs de protection

Les facteurs de protection sont des caractéristiques propres à la personne (intrinsèques) ou à son environnement (extrinsèques) qui tendent à réduire l’incidence d’une problématique, la maltraitance, par exemple.

La présence de facteurs de protection ne signifie pas nécessairement l’absence de facteurs de vulnérabilité ou de facteurs de risque.  Les facteurs de protection ne sont pas non plus le contraire des facteurs de risque ou de vulnérabilité. Cela dit, lorsque les conditions suivantes sont présentes, la personne aînée sera tout de même mieux protégée…

Une bonne estime de soi

  • Connaissance de soi, qui permet de reconnaître le moment auquel on doit chercher de l’aide, reconnaître ses réalisations, accepter ses échecs et en tirer profit ;
  • Confiance : avoir un niveau de confiance élevé à l’égard d’autrui ;
  • Sens de la responsabilité ;
  • Débrouillardise.

Capacité à demander de l’aide

  • Soutien affectif : pouvoir se confier, être compris, recevoir des conseils, etc. ;
  • Coopération, entraide ;
  • Soutien concret : pouvoir compter sur quelqu’un en cas de besoin ;
  • Filet de sécurité.

Compréhension des émotions

  • Compréhension, reconnaissance et appropriation des émotions ;
  • Facilité à exprimer des émotions et des sentiments ;
  • Capacité à faire face aux événements et à leur donner un sens ;
  • Adoption de stratégies pour faire face au stress.

Participation sociale

  • Sentiment d’appartenance (ex. : appartenance sociale, inclusion sociale, soutien social) ;
  • Capacité de mettre ses compétences en pratique : volonté qui permet de mobiliser ses connaissances et de déployer différentes stratégies dans un contexte particulier ;
  • Sentiment de compétence sociale.

Capacité d’apprendre sur soi-même et sur la collectivité

  • Développement personnel : s’adonner à un passe-temps, faire de l’autoapprentissage, faire de l’exercice, se fixer des objectifs personnels, poursuivre son apprentissage tout au long de la vie.

Maintien de bonnes habitudes de vie

  • Capacité de projection dans l’avenir, de détachement, de détente, de reconnaissance, etc. ;
  • Encouragement de l’autonomie ;
  • Établissement de relations positives et profitables avec les membres de sa famille et son réseau amical.

Réseau

  • Réseau ou soutien social de qualité, composé de personnes adéquates, disponibles et outillées;
  • Capacité du réseau à s’adapter aux besoins de la personne aînée et de faire appel aux services de la communauté.

Environnement

  • Environnement physique et psychosocial sain dans lequel la personne aînée se sent en sécurité;
  • Présence de services de proximité (médicaux, communautaires, etc.) ;
  • Milieux de vie exempts d’âgisme et d’exclusion sociale.

Capacité financière

  • Disponibilité de revenus suffisants ;
  • Mise en place de différents moyens permettant de sécuriser les avoirs.

La bientraitance

La bientraitance vise le bien-être, le respect de la dignité, l’épanouissement, l’estime de soi, l’inclusion et la sécurité de la personne.

Elle s’exprime par des attentions, des attitudes, des actions et des pratiques respectueuses des valeurs, de la culture, des croyances, du parcours de vie, de la singularité et des droits et libertés de la personne aînée.

La bientraitance est considérée comme étant une approche positive et représente un levier complémentaire dans la lutte contre la maltraitance. Elle peut prévenir l’apparition de la maltraitance en faisant la promotion d’attitudes et de comportements positifs et respectueux des souhaits et des préférences de la personne aînée. Elle n’est ni le contraire ni l’absence de la maltraitance.

Les conditions favorisant la bientraitance

Les six éléments de cette section sont considérés comme étant des conditions favorisant la bientraitance. En résumé, la bientraitance, c’est :

1. Placer la personne au centre des actions. La personne aînée juge si l’action accomplie ou suggérée lui convient, si elle est bientraitante pour elle.

  • Consulter systématiquement la personne aînée pour toute question ou pour tout choix la concernant ; ne pas présumer de ce que cette dernière souhaite ou préfère.
  • Aménager les horaires de travail, la gestion des repas, la routine du lever et du coucher, en tenant compte des préférences de la personne aînée, dans la mesure du possible.
  • Discuter avec la personne aînée de son parcours de vie, afin de mieux la connaître.
  • Considérer la personne aînée dans sa globalité, ne pas s’arrêter à son âge ou à sa condition de santé.

2. Favoriser l’autodétermination et l’empowerment de la personne aînée afin de lui permettre de prendre en main le cours de sa vie, de faire des choix en harmonie avec ses valeurs, ses habitudes de vie, sa culture, etc.

  • Permettre à la personne de prendre ses propres décisions et les respecter, même si ces dernières heurtent nos valeurs ou ne constituent pas le meilleur choix à nos yeux.
  • Consulter et impliquer la personne aînée dans toutes les décisions la concernant.
  • Inclure la personne aînée dans les discussions à l’égard du choix d’un nouveau milieu de vie mieux adapté à sa condition physique.
  • Informer la personne sur ses choix, ses droits, ses recours et les différentes notions juridiques, en plus de lui offrir un accompagnement.
  • Mettre sur pied divers comités afin que les personnes aînées puissent jouer un rôle actif dans la gouvernance de différentes organisations.

3. Respecter la personne et sa dignité afin qu’elle se sente considérée et qu’elle développe son estime personnelle.

  • Cogner à la porte avant d’entrer, annoncer sa venue avant de se présenter au domicile de la personne.
  • Aménager les espaces de vie de manière à respecter le plus possible l’intimité.
  • Se tenir à une distance « acceptable » pour la personne aînée ; cette distance peut varier d’une personne à une autre.
  • Respecter la confidentialité des propos échangés avec la personne aînée.
  • Adapter les services en fonction des rituels funéraires des différentes minorités ethnoculturelles qui les sollicitent lors du décès d’un proche.

4. Favoriser l’inclusion et la participation sociales pour apporter du bien-être aux personnes aînées qui souhaitent briser leur isolement et contribuer à la société.

  • Organiser une fête de voisins ou d’autres activités où il est possible de tisser des liens entre voisins de tous âges et de toutes origines.
  • Aménager différents espaces de socialisation dans les divers milieux de vie des personnes aînées, par exemple, dans les salles communes.
  • Mettre en place des programmes de mentorat qui permettent aux travailleurs expérimentés d’une entreprise de partager leur expertise avec les plus jeunes.
  • S’assurer de l’aspect sécuritaire des bâtiments et des lieux publics de la municipalité (ex. : éclairage adéquat, lieu propre et accessible).
  • Encourager le bénévolat chez les personnes aînées au sein d’organismes communautaires.

5. Déployer des actions et des interventions alliant compétences (savoir-faire) et jugement (savoir-être).

  • Regarder la personne aînée en lui parlant, utiliser un ton respectueux, l’encourager à s’exprimer, être patient.
  • Développer une relation professionnelle et personnalisée avec la personne aînée.
  • Annoncer ce que l’on s’apprête à faire et expliquer ce que l’on fait.
  • Demander à la personne comment elle souhaite être appelée, par son nom ou son prénom, et si elle souhaite être tutoyée ou vouvoyée.
  • Connaître les techniques nécessaires pour déplacer la personne aînée de manière sécuritaire lors des soins.
  • S’assurer que les proches aidants de personnes aînées connaissent et comprennent la maladie et les incidences que cette dernière peut avoir sur le comportement de la personne aînée.

6. Offrir un soutien concerté afin de poser les gestes les plus appropriés pour chaque dimension de la vie de la personne aînée (ex. : habitation, santé, alimentation, vie amoureuse et familiale, etc.), toujours en respectant les choix de cette dernière.

  • S’assurer que les informations pertinentes sont communiquées entre les personnes qui ont à intervenir auprès de la personne aînée, par exemple, lors de changements de quart de travail en CHSLD.
  • Soutenir l’entourage qui intervient auprès de la personne aînée, notamment les proches aidants (reconnaissance, formation, etc.).
  • Effectuer le recensement des personnes en situation de vulnérabilité dans les municipalités.