Des blessures invisibles, mais réelles

Dr. Christine Grou

Quand on parle de maltraitance envers les aînés, on pense souvent à la violence physique, sexuelle, ou encore aux abus financiers. Or, il en existe une autre forme qui est encore plus sournoise, mais bien réelle : la maltraitance psychologique.

Bien qu’elle ne soit pas visible à l’œil nu, la maltraitance psychologique s’avère souvent la plus fréquente et la plus dommageable pour une personne âgée qui serait fragilisée par la maladie ou les aléas du vieillissement. Elle est d’autant plus insidieuse que ceux qui l’infligent ont parfois l’impression d’agir dans l’intérêt de la personne vulnérable.

Vulnérabilité

Le manque d’écoute aux réels besoins d’une personne peut mener à une forme de maltraitance psychologique. Forcer une personne âgée vivant dans un CHSLD à participer à des activités qui ne l’intéressent pas, au bingo ou à une sortie par exemple, sous prétexte que « ça lui changera les idées », peut engendrer de la détresse psychologique. Car plus la date de l’activité approche, plus l’angoisse monte à la perspective d’y participer, ce qui non seulement n’était pas le but initial recherché, mais aussi, et surtout, ne correspond pas à ce que souhaitait cette personne, ni à ses besoins.

De plus, le fait de monter le ton ou de répéter en criant à quelqu’un qui n’est pas sourd, mais atteint d’un trouble cognitif ou de langage qui l’empêche de comprendre ce que l’on dit, peut engendrer de la détresse et ainsi devenir une forme de maltraitance psychologique. Le fait de dénigrer, humilier ou ridiculiser – sous prétexte ou non de faire des blagues – peut aussi constituer un mauvais traitement psychologique, et une preuve flagrante du manque d’écoute à l’égard des aînés vulnérables. Il en est de même pour une attitude infantilisante, ou encore condescendante à leur égard.

En l’absence d’empathie, d’une réelle écoute, ou encore lorsque le ton lève constamment, il devient difficile pour ces personnes d’exercer un certain contrôle sur une situation, ou d’exprimer leur inconfort devant les pressions qu’elles subissent, parfois imposée avec la meilleure volonté du monde et « pour leur bien ». D’autant plus que les aînés vulnérables auront souvent tendance à se réfugier dans le silence, craignant les représailles.

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Source: Journal de Montréal – Dr. Christine Grou – Samedi 9 novembre 2019